Le parfum du combat (Pv. Croisés)

Précision sur la chronologie:

Le Paradis sur Terre. L’époque pré-rédemption. Voici la Salle d’entraînement du Siège des Croisés, réservée uniquement à ces fiers soldats en quête de maîtrise de leurs arts personnels. On peut parler d’art pour certains, car il ne s’agit plus d’une simple utilisation de pistolet lorsqu’on atteint un certain niveau… Niveau nécessaire pour porter la parole du Pape.

Des armes de partout, à perte de vue. Toutes à libre disposition, de tout type, pour laisser le choix aux soldats qui peuvent se sentir perdus au premier abord. Mais la caution n’arrive qu’après, bien sûr, et c’est là qu’on sent tout de suite moins l’envie de tout prendre. Bref, le sous-sol est aménagé de manière à offrir un magnifique terrain de jeu aux Croisés, qui l’apprécient à juste valeur.

Une sorte d’arène est installée au centre de la pièce, mise en place pour organiser des éventuels duels amicaux entre les soldats dans un but purement « éducatif ». Les armes n’y sont pas autorisées, bien évidemment, ni l’utilisation des Bénédictions. Elle est là pour renforcer le corps et la maîtrise du corps à corps, principalement.

Cependant, même si tout ceci est bien beau, cela ne concerne pas vraiment Andrew Wilder. Lui, son plaisir, ce sont les armes à feu et autres joies offerts par les armes de lancer. C’est pour ça qu’il exerce son art dans l’un des coins de la salle, mutilant une cible d’entraînement à coups de 9mm à une bonne distance. Bien sûr, l’entière partie réservée aux armes à feu est insonorisée pour ne pas ennuyer les gens du dessus avec toutes ces fantaisies-là.

Bref, après un temps l’Anglais fait une pause, le temps de recharger son outil de mort, mettant les cartouches une par une dans le chargeur. Il adresse alors un regard vers la salle à moitié vide à cette heure-là, laissant échapper un petit soupir, mêlé d’un sourire. Après tout, les Croisés devraient profiter de ce qui leur ait offert : le parfum du combat.

Cependant, un type semble avoir lu ses pensées, montant sur le "ring", si vraiment on peut dire ça commence ça, en appelant tout volontaire à le « défier » en combat singulier, se vantant de ses prouesses physiques. Il faut dire que le type est plutôt baraqué, alors Andrew se passera bien de cette invitation.

Écrasant sa cigarette dans sa propre main, la jeune blonde étire un sourire avant de se lever, fouet en main. Montant sur le ring, Maria fait claquer des talons en direction de l'homme baraqué, parce qu'il n'y a pas besoin d'être un homme pour lutter contre ses pairs aux muscles luisants de testostérone.

« Coucou ! »

Elle lui adressa un signe de la main, accompagné d'un sourire colgate, dont le rouge à lèvres a quelque peu passé. Par les baisers, par le vent, le temps et les clopes. Elle ressemblait à une vieille poupée qu'on jette dans cette arène dans un dernier espoir, histoire d'en tirer quelque chose de positif avant de s'en débarrasser définitivement.

Dans un soupir hautain, l'homme secoue la tête avant de se détourner. Il ne tape pas les femmes apparemment. Cruelle erreur. Dans un claquement, la langue de cuir vient s'enrouler autour des chevilles de l'homme et par simple usage du déséquilibre qui en résulte, Marie fait tomber son adversaire à terre.

« Tu diras ça aux hérétiques femelles, elle se foutront de ta gueule. »

Et de descendre simplement du ring pour laisser ses comparses le finir.

Lorsqu'Alicia venait ici, ce qui n'était pas vraiment rare, elle ne s’entraînait pas avec ce qui était à la disposition de tous, comme vous vous en doutez. Afin de s'exercer, elle et son pouvoir hautement destructeur, un coin lui était réservé où elle pouvait détruire et broyer à loisir à grand renfort d'énergie cinétique : avouez qu'il serait gênant de devoir restaurer la salle après chacun de ses passages. Avec tout ça, la présence d'Alicia en ces lieux ne passait généralement pas inaperçu : l'endroit avait beau être insonorisé, il était parfois difficile d'étouffer le bruit de la matière qu'elle brisait sous l'effet de sa Bénédiction.

Et cela faisait un bon moment que la jeune Sainte, en tenue de sport pour l'occasion, était là, aujourd'hui, et, après avoir plié taules et brisé briques, se disant qu'elle méritait bien une petite pause, elle sorti à la rencontre de ses collègues et camarades qui, comme elle, étaient là pour s'entraîner et s'améliorer. Et pourquoi pas trouver un amateur d'arts martiaux qui voudrait bien combattre vite-fait avec elle. À la place, elle arriva au moment où Marie, fidèle à elle-même, s'amusa à humilier un colosse sans aucun respect des règles en vigueur. Après tout, ce n'était pas comme s'il y en avait face aux hérétiques.

"Eh bien Marie, toujours aussi fair-play !"

Phrase explicitement prononcée sur le ton de la plaisanterie et que la Sainte ponctua d'un rire léger alors qu'elle jetait la bouteille d'eau qu'elle venait de vider dans la poubelle la plus proche. Un regard rapide en direction de l'arène, et Alicia y mit rapidement les pieds. L'homme avide de combat, qui n'avait visiblement pas remarqué que Marie n'était pourtant plus là, sûrement trop pressé de se venger, se relevait déjà et fonçait droit devant lui. À la loyale et donc sans user de sa Bénédiction, puisque c'était ce qu'il voulait visiblement et qu'Alicia ne tenait pas à briser le bras d'un autre Croisé, la blonde se saisit du fier combattant et, usant d'une prise de son cru, le fit rencontrer une nouvelle fois le sol. Elle le maîtrisa ainsi pendant dix secondes qu'elle décompta à haute voix avant de se relever et de quitter l'arène avec le sentiment du devoir accompli.

"Anson, Anson, Anson... Je vous l'ai déjà dit la dernière fois, lorsque vous vous énervez vous devenez bien trop vulnérable. Usez de votre force avec calme et intelligence lors de vos prochaines rencontres avec un hérétique."

Ceci étant dit, la demoiselle avisa une chaise libre dans un coin sur laquelle elle s’assit sans demander son reste, ayant pris soin de reprendre une bouteille d'eau au passage. Un rapide regard autour d'elle histoire de voir qui d'autre est présent, et ses yeux se posent sur un visage familier.

"Oh, bonjour Andrew ! Voilà un moment que je ne vous avais pas vu en-dehors de la périphérie."

Finalement, le champion autoproclamé a trouvé chaussure à son pied, ou plutôt… fouet à sa cheville ? Et sol à son visage, par la même occasion. A deux reprises, vu les efforts employés par la Sainte Alicia Alvey pour bien lui faire comprendre qu’il n’était pas si fort que ça, même dans ce domaine bien particulier. Il ne peut que s’en prendre à lui-même, d’un sens. Il faut assumer ce genre de fierté, sinon il passerait pour un lâche.

Andrew ne connait pas vraiment la première femme, mais vu sa prestance il se dit qu’elle doit être importante, ici-bas. Un haut-gradé, peut-être ? « Marie »… En tout cas, elle peut donner à elle seule de nombreuses leçons pour son entourage, c’est clair. Heureusement, le second bourreau de l’arène a un visage un peu plus amical et familier, s’adressant à l’Anglais après s’être assise.

"Oh, bonjour Andrew ! Voilà un moment que je ne vous avais pas vu en-dehors de la périphérie."

Une belle voix qui va de pair avec un beau visage, voilà le personnage que représente l’un des trois Saints du Vatican. Il la connaissait déjà, et puis ce n’est pas la première fois qu’il passe par ici malgré son travail qui lui prend beaucoup de temps, entre autres.

- Mademoiselle Alvey, dit-il alors en faisant un signe de la tête. C’est toujours un plaisir de vous voir, réplique-il en lui adressant un grand sourire assez explicite, prenant son expression habituelle lorsqu’il s’agit de faire bonne figure face à la gent féminine. La Périphérie a ses propres joyaux que j’ai appris à chérir, mais ils ne valent rien face aux lumières du Vatican. Eden Raves vous passe le bonjour, d’ailleurs.

Andrew inspecte l’arène qui accueille alors d’autres participants, motivés comme horrifiés par la participation cumulée des deux femmes de pouvoir. Il finit de remplir son troisième chargeur qu’il place à sa ceinture, avant de passer sa main dans sa chevelure rouge.

- Votre frappe est toujours aussi incisive, à ce que j’ai entendu. J’espère qu’un jour j’arriverais à votre cheville, même si Dieu ne m’a pas orienté sur le même chemin, je le crains. Si jamais vous avez besoin d’une couverture à distance, appelez-moi.

Une poignée de compliments, un clin d’œil. C’est fait. Il ne reste plus qu’à voir la réponse de son interlocutrice ; en attendant, le monde continue de tourner dans la Salle d’entraînement.

« Faites attention, vous allez la faire rougir. »

La plaisanterie de Alicia n'était pas tombée dans l'oreille d'une sourde, et ce fut tout naturellement que Marie avait adressé un clin d’œil à sa comparse avant de la rejoindre, prenant sa parole comme une invitation. Il avait donc été très facile pour elle d'entendre les salutations du jeune tireur aux allures de fin dragueur. Enfin, jeune, il restait d'apparence plus vieux qu'Alicia.
Véritable commère, Marie ne connaissait cependant pas cet homme et le fait que son air de miss je sais tout ait été contré – et c'est assez rare pour être signalé – la frustra. Elle s'empressa donc de s'installer aux côtés de monsieur.

« Bonjour très cher, je ne crois pas qu'on se connaît. Vous êtes nouveau parmi nous ? »

Etrange de constater à quel point le vocabulaire et la façon de parler de Marie contrastaient avec son irrespect perpétuel des règles et son combat sans honneur. Marie, contrairement à son prénom angélique, n'avait rien d'une sainte en ce qui concernait ses agissements et le fait que jusqu'à présent, personne, pas même le pape, n'en tienne rigueur, n'arrangeait pas les choses.

Ses yeux vifs remarquèrent bientôt que l'homme attaquait à distance et qu'il devait avoir également un regard aiguisé et une précision qui détonnait par rapport à ses pairs et notamment la grosse brute qu'elle venait de mettre à terre ; laquelle s'en était allée la queue entre les jambes.

"Voyons Marie, vous savez bien qu'il m'en faut plus, d'autant que ce cher Andrew n'est pas vraiment mon genre !"

Au fil de ses mots, les yeux d'Alicia s'étaient posés sur Marie qui venait de les rejoindre. Après avoir bien entamé sa bouteille d'eau, c'est avec un sourire franc qu'elle reprit la parole.

"D'ailleurs Marie, ce n'est pas la peine d'insister, je vous ai déjà dit plusieurs fois que vous ne l'étiez pas non plus, désolée."

Oui, oui, pas d'ambiguïté de ce coté-là, la jeune Sainte était relativement franche, même si tout cela avait été dit avec une franche bonne humeur, bien évidemment. Ceci dit, elle reporta bien vite son attention sur Andrew.

"Ah ! Mais ne prenez pas mal ce que je viens de dire, j'imagine que vous m'avez comprise !"

Les autres paroles de Marie lui avaient fait réaliser que ses deux collègues ne semblaient visiblement pas se connaître.

"Pendant que j'y suis, permettez-moi de faire les présentations. Andrew, voici Marie, sans aucun doute notre meilleure interrogatrice. Marie, voici Andrew. Si vous n'avez pas l'habitude de le voir ici, c'est normal, il s'agit d'un de nos agents dans la périphérie."

Sur ces mots, Alicia s'amusa l'espace de quelques secondes à contempler les reflets de sa bouteille d'eau avant d'aviser du coin de l’œil l'agent Anson, qui avait visiblement bien du mal à se remettre de ses défaites. Lorsque son attention se reporta sur ses collègues, la demoiselle se perdit un instant dans ses réflexions avant de reprendre la parole.

"Ceci étant dit, que diriez-vous de nous entraîner un peu ensembles ? Nos domaines de prédilection sont en effet bien différents mais après tout, l'entraînement est la raison principale de notre présence ici, non ? Au pire... je peux volontiers vous arbitrer, j'imagine."

Elle avait achevé sa phrase sur un ton quelque peu taquin.

- Ce n’est pas la première fois qu’on refuse mes avances, ni la dernière, dit-il simplement en souriant. Considérez ça comme une marque de politesse visant à flatter l’ego. Ça fait toujours du bien de se sentir… intéressant.

Andrew alterne les visages gracieux de Marie ainsi que d’Alicia, posant son regard sur chacune des deux à mesure qu’il discute avec l’une, ou l’autre. Il est vrai qu’il ne connaissait pas la tortionnaire avant de l’avoir vu à l’œuvre face à ce pauvre « Anson », l’homme se nommant ainsi, mais à vrai dire ce n’est pas plus mal. Il suffit d’une attitude légèrement dominatrice couplé à un fouet, et de nombreuses idées peuvent germer dans notre esprit. Le genre d’idées qui n’ont jamais fait réfléchir le jeune homme, se trouvant face à un vide.

- Enchanté, réplique-il simplement. Andrew Wilder, pour être exact. Mes origines anglaises font tout mon charme, comme vous pourrez le constater en ma compagnie.

Le jeune homme passe sa main dans sa chevelure rouge en esquissant un léger sourire, prenant alors une expression interrogative, comme s’il se demandait à lui-même si c’est vraiment une bonne idée de combattre en mêlée. Il commence à avoir quelques bases à force de tenir tête à Eden Raves, certes, mais il ne maîtrise pas non plus d’art martial…

- Je vous attends sur place, à vous de voir qui a le moins de cœur pour vouloir abimer un si beau visage, conclue-il d’un ton ironique, comme un acteur pourrait le faire. Et pas de fouet, surtout. Mon ego se briserait beaucoup trop rapidement !

Andrew enlève sa veste, la déposant alors sur la chaise la plus proche en l’accompagnant de son arme à feu ainsi que de ses trois chargeurs. Il n’est pas parfaitement habillé pour l’occasion, mais soit. Il est temps de voir si son niveau au corps à corps a la moindre valeur. Il craque rapidement ses phalanges, prêt à dévier quelques coups pour ne pas se les prendre de face, ni les parer. Car ça peut être évident, mais les coups font mal.

Marie afficha une moue faussement décontenancée qui disparut bien vite. Elle ne doutait aucunement des opinions sexuelles de sa jeune comparse, mais précisément parce qu'elle avait presque la moitié de son âge, Marie n'avait jamais éprouvé quelque salace pensée en la voyant. En revanche Andrew aurait très bien pu attirer son attention, si elle avait joué de l'autre côté du trottoir, mais ça, elle se garda bien de le dire.

En parlant de jouer, Alicia proposa un petit jeu. Marie s'en amusa, sachant que Alicia détestait se salir les mains inutilement, comme le montrait son imposante bénédiction. Elle acquiesça d'un signe de tête dans les présentations furent faites ; effectivement, ne fréquentant jamais la périphérie – de peur de produire deux génocides par jour – elle ne pouvait pas avoir rencontré cet agent.

« D’Angleterre, dites-vous ? J'y suis née. »

Elle n'ajouta rien d'autre. Mais ça leur faisait un point commun qui pourrait leur permettre de discuter à l'avenir autrement que dans une arène avec une arme à la main.
Il accepta de combattre, ajoutant qu'il ne souhaitait pas que son fouet brise son égo.

« Ou autre chose. » répondit Marie avec ironie.

Elle laissa planer le sous entendu avant d'accepter de délaisser son fouet. Il s'agissait de la seule « arme » qu'elle savait véritablement manier. Mauvaise tireuse, elle avait davantage appris le corps à corps, et son éducation dans un monde d'hommes lui avait rapidement inculqué les arts martiaux – seulement l'aikido en vérité. Du reste elle n'usait que d'objets quotidiens pour faire mal à ses victimes.
En bref, Marie est une recycleuse professionnelle.

« Alicia, je vous laisse commencer ? » proposa-t-elle avec politesse.

"Bien, bien !"

Broyant sa bouteille d'eau vide qu'elle jeta ensuite, Alicia se leva, ses deux collègues ayant accepté sa proposition de s'entraîner un peu. Bien évidemment, cela n'allait pas être des plus violents, Alicia ne tenant pas vraiment à ce qu'ils s'entre-tuent entre eux, mais c'était toujours une bonne chose à faire régulièrement. Massant sa nuque et s'étirant quelque peu, la demoiselle monta donc les quelques marches qui lui permettaient d'accéder à l'arène et de rejoindre Andrew. Arène que leurs autres collègues croisés avaient d'ailleurs quitté, probablement avides d'observer ce combat, bien que fictif et dans un but d'entraînement.

Et une fois un pied dans l'arène, Alicia se mit immédiatement en position, dans un sombre réflexe. Le réflexe de celle qui a déjà dû faire face à de nombreux ennemis. Ceci dit, à cet instant précis, la jeune Sainte était bien consciente qu'elle était la plus habituée au combat au corps-à-corps et à l'usage de certaines techniques de combat, même sans user de sa bénédiction. C'était ce à quoi elle réfléchissait alors que ses yeux bleus se posaient sur le visage d'Andrew. Elle en tiendrait compte, évidemment, mais Alicia n'était pas du genre à se retenir.

"Allez Andrew, montrez-nous que vous pouvez faire autre chose que nous couvrir à distance !"

Et, désormais étonnamment concentrée, Alicia prit une impulsion afin de rapidement se retrouver au contact de son collègue croisé, en direction duquel elle dirigea plusieurs coups de poings tirés des fondamentaux de la boxe thaïlandaise. Histoire de commencer en douceur.

L’ambiance est plutôt bon enfant, les trois semblant s’amuser de leur propre façon, Andrew tombant alors dans les mains des deux prédatrices en face de lui. Lui-même n’est pas particulièrement préparé pour le combat, ni échauffer, et ne détenant pas non plus un lourd bagage en matière de corps à corps derrière lui. Il sait prendre des coups et fuir rapidement, son passé lui ayant appris que ces deux choses sont importantes pour survivre. Bref, finalement c’est Alicia qui s’occupera de sa mise au tapis, même si cela ne change pas vraiment la donne : son ennemi reste une femme au physique agréable, il ne pourra pas lever la main sur elle. Et puis, même s’il le voulait…

Soudain, la jeune femme se met à attaquer. Plusieurs coups rapides qui viennent frapper la garde à moitié réalisée par l’Anglais, qui a mis ses deux bras en avant par réflexe comme lui ont appris les quelques films de combat qu’il a pu voir. Il recule d’un pas, relâchant un léger soupir qui annonce bien la couleur : les frappes étaient puissantes.

Le temps ne ralentit pas, bien au contraire. Ça le change bien de sa matière fétiche, ses armes à feu le tenant bien loin du combat plein de testostérones. Là, tout n’est que trop rapide, incontrôlé. Malgré sa propre volonté de ne pas frapper Alicia, elle ne lui appartient plus… Obligé de garder sa garde pour parer les coups de la femme, il est bloqué dans un coin.

Dans un dernier recours, il tente un crochet du droit, se dirigeant lentement vers la tête de sa partenaire.

Malheureusement pour Andrew, il avait probablement oublié que je fréquentais également et régulièrement cet endroit propice à l'entraînement des Croisés, la fameuse "Salle d'Entraînement" dans laquelle les membres de l’ordre venaient pour mettre à profit leurs nombreuses compétences et aptitudes plus ou moins singulières dans une ambiance de "camaraderie" subjective.
Bref, j'avais donc décidé de me rendre à ce centre d'entraînement afin d'y passer du temps et faire le point sur mes talents actuels qui s'étaient probablement émoussés à cause des nombreux combats profondément ennuyeux que j'avais daigné mener la semaine précédente.

Finalement arrivé dans la grande salle divisée en plusieurs secteurs, je jetais donc un œil vers l'aire de combat pour y apercevoir quelques individus déjà sur place : Andr-Imbécile était-là, accompagné de son éternelle garde chétive et de ses effroyables sueurs du combat martial, toujours face à un adversaire probablement plus expérimenté avec la formidable intention de prendre une branlée MONUMENTALE.

Intrigué, je regardais donc son adversaire; une jeune femme aux cheveux blonds habillée d'une tenue de sport basique dont la position indiquait qu'elle avait très certainement de solides notions en arts martiaux, l'heure du jugement était-il arrivé pour Andrew ? Qui sait ! Je m'approchais afin d’apercevoir la scène car franchement, voir cet idiot se faire exploser par un confrère Croisé, ça n'a pas de prix.

Marie se demanda un instant si Alicia n'attendait pas dans un trépignement brûlant qu'elle lui laisse la main. En sautillant presque, donnant l'impression d'une enfant pour qui Noël serait arrivé avec six mois d'avance, cette dernière rentra donc dans l'arène en compagnie d'Andrew et le défia. Croisant les bras, Marie retourna une chaise de sorte d'avoir le dossier contre sa poitrine et s'y assit en bon cow-boy qui attendait son tour pour un tournoi -et le fouet sur la chaise d'à côté ne faisait que renforcer cette métaphore.

Il vint tout de suite à l'évidence qu'Andrew allait se faire écraser. S'il était bon tireur, il devenait médiocre au corps à corps, ce était tout à fait à son honneur s'il maîtrisait bien sa première capacité. Marie suivit le duel des yeux en silence, sans prendre la peine d’encourager qui que ce soit, et prit de la graine sur cette technique de combat qu'elle ne connaissait pas.
Tandis que Andrew tentait un crochet du droit, l'attention de Marie fut perturbée par l'arrivée d'une autre personne, que décidément, elle ne connaissait pas non plus. D'ailleurs d'autres paires d'yeux s'étaient tournées vers le combat ; Alicia attirait l'attention, comme d'habitude, et serait heureuse de s'en apercevoir.

« J'espère qu'il est meilleur tireur qu'il n'est boxeur. »

Puissance, précision, efficacité. Cela résumait à la perfection le style de combat d'Alicia, mélange de différentes écoles et styles, qu'elle avait forgé durant ces années au service du Pape. Un style propre à elle qui était fait pour optimiser les capacités de sa puissante Bénédiction, mais qui lui permettait bien évidemment de pouvoir faire sans : c'était parfois même suffisant. Comme dans ce cas précis. Mais, à la décharge de son adversaire du moment, Alicia ne connaissait que Donovan, monstrueux collègue parmi les Saints, qui sache se battre aussi bien à mains nues qu'avec une arme à feu. Ces deux spécialités semblaient rarement compatibles, en général.

Le combat a évolué, les deux adversaires se sont déplacés, Andrew est dos à l'un des coins de l'arène. Alicia ne baisse pas sa garde, l'expérience le lui a appris : un adversaire acculé est imprévisible. Et le coup tenté par son collègue Croisé le lui prouve encore une fois. Concentrée, Alicia n'est pas prise au dépourvu : sa poigne puissante capture l'avant bras du jeune homme alors que sa main libre se pose sur la poitrine de son adversaire. Assurant sa prise et ses appuis, la jeune Sainte réalise d'un coup de pied un puissant balayage, droit dans les jambes d'Andrew. Déstabilisé, Alicia en profite pour lui faire quitter le sol, le soulevant à bout de bras le temps d'une fraction de seconde : assez pour faire effectuer à son adversaire un petit vol plané, le faisant se retrouver sur le dos.

La demoiselle recule, toujours en position de garde, avant de finalement se détendre après quelques secondes et de se rapprocher tout sourire du jeune homme à terre, lui tendant la main afin de l'aider à se relever.

"Il y a encore du travail mais vous n'avez pas démérité, Andrew."

Tapis. Le rideau retombe. Les airs d’acteur d’Andrew disparaissent à la seconde-même où son corps vient ne faire qu’un avec le sol, une onde de choc pouvant se ressentir sur l’arène. Le jeune homme grimace en se tordant légèrement, son dos ayant pris un grand coup dans cette chute, également à moitié aveuglé par la lumière située sur le plafond qui lui fait face, voilée juste après par le geste amical d’Alicia qui tend alors sa main.

Il l’empoigne puis se relève rapidement, laissant échapper un léger toussotement. Andrew essuie rapidement ses affaires comme si elles étaient couvertes de poussière, puis fait face au public s’étant agglutiné devant le massacre. Il reconnait alors le visage familier d’Eden, celui-ci ne ratant pas un seul évènement où l’Anglais pourrait se faire exploser la face, mais c’est de bonne guerre au final. N’est-ce pas ?

- Je veux bien que vous m’enseignez cette prise, je ne l’ai pas vu venir. Vous me devez au moins ça ! dit-il en ricanant. Partante pour un second round ?

Sa défaite n’est pas si terrible en pensant que la différence de niveau des deux adversaires est monstrueuse, un vrai gouffre digne du Grand Canyon. Mais bon, ce sont les risques d’une telle entreprise, et il n’y a rien à faire à part soulever le côté masochiste d’Andrew. Il se met rapidement en garde, essayant d’imiter comme il peut la posture de la jeune femme, même s’il ne comprend pas les arcanes de son art martial.

- Je finirais par au moins te toucher.

En effet, comme prévu.. Andrew s'était littéralement fais rétamer comme un idiot par la technique d'Alicia, rien de bien extraordinaire en soi sachant l'expérience restreinte et quasi-nulle qu'il possède des arts martiaux, mais c'était toutefois assez pitoyable comme défaite. D'un autre côté, j'appréciais la pseudo-témérité d'Andrew et, si c'était vraiment un fait réel, nous avions cette qualité en commun.

- Comme d'habitude, il est vraiment mauvais.

En réalité, je connaissais assez peu mes compères Croisés. Cela faisait peut-être maintenant une année ou deux que j'étais au Vatican et que j’agissais pour le Pape mais, étrangement, je ne fréquentais qu'Andrew lors de mes missions et j'avais très rarement eu l'occasion d'engager la discussion avec d'autres membres de l'ordre. Du coup, je m'adressais à la femme qui, à mes côtés, observait le match avec attention :

- Même si je la connais pas vraiment, l'adversaire d'Andrew semble pas mal expérimentée au niveau des combats.

Je fumais tranquillement ma cigarette pendant que je me dirigeai vers le centre d'entrainement, c'était assez rare que j'y mette les pieds mais il fallait bien que je vérifie l'état des troupes et la progression de certains. Tout en descendant les escaliers menant à la salle, j'entendais les habituels coups d'Alicia contre les pauvres mannequins qu'on lui avait donné, sachant pertinemment que l'équipe en charge de nettoyer sa salle allez encore avoir du boulot ce soir.
Une fois à l'intérieur de la grande salle j’observai un peu les alentours, Anson était sur le ring et semblait comme à son habitude, d'humeur à défier tout le monde. Je savais que l'homme n'était pas mauvais, mais malheureusement pour lui se fut d'abord Marie puis Alicia qui s'occupèrent de son cas. Soupirant devant l'écrasante défaite que venait de subir le Croisé je me dirigeais vers un coin de la salle pour voir tout ça d'un peu plus loin, m'adossant au mur tout en allumant une nouvelle cigarette. Les évènements sur le ring n'avaient pas empêché certains de poursuivre leur entrainement, mais ce qui attira mon regard se fut cette conversation entre Andrew Wilder et les deux jeunes femmes qui avaient battu tour à tour Anson. Je connaissais le jeune homme de par le fait qu'il était réputé pour être un excellent tireur et un coureur de jupons. Réputation visiblement bien mérité car il semblait bien occupé à séduire la jeune Sainte et notre responsable des interrogatoires. Je passais doucement une main sur mon visage et soupirai à nouveau.

*Laisse tomber gamin, tu n'es pas son genre.*
Comme si elle avait pu entendre mes pensée, Alicia confirma mes dires avant de proposer à Andrew un petit entrainement. Je savais qu'il était bon tireur, mais je n'avais aucune idée de ses capacités en ce qui concerne le combat à mains nue, et il ne me fallu que deux secondes pour me rendre compte qu'il étais très mauvais. Sa garde était on ne peu plus ridicule et sa vitesse de réaction fut tellement lente qu'il fallu seulement deux mouvements à Alicia pour le mettre à terre. Le jeune homme resta un moment au sol, surement s'amusait-il à compter le étoiles qu'il devait voir, puis il se releva finalement en prenant la main que lui avait tendu la Sainte.

- Comme d'habitude, il est vraiment mauvais.
L'homme qui avait prononcé cette phrase était proche du ring, Eden Raves si mes souvenirs étaient bon, colocataire d'Andrew et surement la personne ici qui le connaissait le mieux et qui semblait avoir déjà connaissance de ses capacités ridicule en combat rapproché. Pourtant l'anglais sur le ring ne semblait pas en avoir eu assez et demanda un second round à Alicia, mais le voir se faire étaler une seconde fois ne m'intéressai pas, aussi je me dirigeai vers le stand de tir tout en terminant ma cigarette, histoire de voir si entre deux missions je n'avais pas perdu mes capacités.

Un soupir suffisant quitta les lèvres de l'interrogatrice lorsque son comparse fit une remarque valorisante sur les talents de combat d'Alicia.

« C'est une Sainte, il faut bien qu'elle soit à la hauteur de sa réputation. »

Andrew Wilder s'écroula sur le sol et demanda sa revanche. Marie, elle, n'avait pas bougé. Elle comprenait sa vision des choses ; il n'y avait rien de plus humiliant pour un homme de se faire mettre au tapis par une femme à l'aide d'une technique aussi primitive que celle qu'utilisait la jeune femme. Surtout que étant donné l’apparence d'Andrew, Alicia semblait plus jeune que lui de quelques années.

Je remarquais un Saint qui quittait les bords de l'arène, certainement parce qu'il ne jugeait pas ce spectacle d'assez bonne qualité pour ses beaux yeux. Un sourire aux lèvres, je hélai le jeune Andrew.

« EH MEC ! Pourquoi ne vas-tu pas défier quelqu'un de ton domaine ? J'aimerais bien voir ce que tu vaux avec un flingue à la main, moi ! »

Un second round ? Pourquoi pas. Souriante, Alicia s'était déjà de nouveau mise en position, prête à redonner à Andrew l'occasion d'observer ses techniques. C'est ce qu'elle allait faire, mais son attention fut attirée à la fois par les paroles de Marie et à la fois par la présence d'un homme qu'elle connaissait bien et qu'elle venait de repérer du coin de l’œil. Du coup, Alicia se détendit.

"Désolée Andrew, nous verrons ça une prochaine fois, on dirait qu'un autre défi vous attend !"

Et sans plus attendre, la jeune Sainte bondit hors de l'arène, partant à l'assaut de son collègue et grand ami Saint.

"Donovan !"

Alicia se saisit du bras de l'homme, passablement enjouée. Évidemment, elle le voyait tous les jours, comme c'était le cas pour Gregorio ou même le Pape, mais il s'agissait toujours de moments agréables. Après tout, les personnes qui vivaient avec elle au cœur même du Vatican étaient un peu la famille qu'elle n'avait plus. Qu'elle avait oublié. Tout sourire, la jeune blonde, toujours agrippée au Saint qui faisait régulièrement office de grand, grand frère de cœur, l'obligea à se retourner afin de lui montrer Andrew.

"Allez Donovan, l'honneur des Saints est en jeu, montre à Andrew qui est le patron au tir !"

C'est sur ces paroles qu'Alicia libéra finalement Donovan et alla se laisser tomber dans la chaise qu'elle occupait un peu plus tôt, commençant à sentir les effets des efforts soutenus qu'elle avait fait ces derniers jours. Et puis, cela faisait un moment qu'elle n'avait pas vu la machine de guerre qu'était Donovan à l’œuvre, ce serait certainement un spectacle plaisant.

Alors qu'elle attrapait une bouteille d'eau, Alicia avisa finalement du regard Eden Raves, qu'elle n'avait pour dire vrai jamais rencontré mais qu'elle connaissait, bien évidemment, puisqu'il s'agissait d'un membre des Croisés et qu'il formait un duo inséparable dans la périphérie avec Andrew.

"Oh, bonjour Eden ! C'est la première fois que nous nous rencontrons, non ?"

En voilà un beau, d’enchaînement anarchique sans nom. Partant d’une simple revanche amicale, un deuxième round pour que l’Anglais puisse s’exercer dans sa maîtrise du corps à corps, qui n’est bien sûr pas au rendez-vous, on arrive donc à un défi adressé à un second Saint. Cet homme se nomme Donovan Desmond, et sa réputation n’est pas à refaire. Une renommée qui le montre comme un homme très compétent en matière de combat, tant à distance qu’en mêlée. Et là, ce sont des armes à feu qu'il est question.

Andrew ne peut plus y couper : Marie et Alicia semblent vouloir le mettre au-devant de la scène, devant des projecteurs encore plus lumineux qu’ils ne l’étaient sur le ring. Le jeune homme suit alors les pas de son précédent adversaire à la bénédiction destructrice, resserrant son bandeau frontal pour ne pas qu’une mèche écarlate ne voile son regard.

Andrew affiche un grand sourire alors qu’il fixe le Saint, estimant que ce moment sera marqué d’une pierre blanche dans les annales. Ce serait un excellent moyen de se faire connaître, ne serait-ce que d’égaler les prouesses du Saint. Bref, il lui tend sa main.

- Prêt à me confier un peu de votre temps ? Vous ne serez pas déçu.

Confiant comme jamais, malgré les prouesses maladroites dont il a fait les frais dans l’arène, il plonge son regard de saphir dans celui du « vieil » homme.

Apparemment, Andrew tombait de Charybde en Scylla. Comme si un saint n'était pas suffisant, il s'attaquait désormais à une autre figure emblématique de l'ordre des Croisés : Donovan Desmond. Bon, je connaissais pas vraiment ce type mais j'avais toutefois eu vent de ses "talents" dans l'exercice de ses fonctions, probablement un des plus puissants croisés de l'ordre en somme.

- C'est une Sainte, il faut bien qu'elle soit à la hauteur de sa réputation.

Réponse assez ambiguë, hein ! Mais du coup, je pouvais supposer que la jeune femme qui venait d'aplatir Andrew était la fameuse Alicia Alvey, une des saintes de l'Ordre. Enfin, d'un autre côté, je n'étais pas vraiment présent dans la "vie politique" des Croisés : ça devait être bien la.. deuxième fois que je venais ici ? Bref, du coup, j'étais incapable de mettre un nom sur un visage et encore moins de savoir avec qui j'avais discuté jusqu'à présent.
Finalement, la jeune Sainte allait précipiter la chute d'Andrew en le mettant donc face à ce fameux Donovan lors d'un concours de tir, elle voulait vraiment l'humilier n'est-ce-pas ? Ou peut-être que c'était involontaire, quoi que ça aurait été peut-être plus grave.. Mais peu importe ! S'approchant pour attraper une bouteille d'eau, elle s'adressa à moi :

- Oh, bonjour Eden ! C'est la première fois que nous nous rencontrons, non ?

Vu qu'on est au Vatican, je devrais peut-être m'évanouir vu qu'une légende vivante m'a adressé la parole ? Non, je rigole. La jeune femme avait l'air tout à fais calme et j'aurai bien aimé qu'on m'explique d'où elle me connaissait, j'étais si connu que ça ? J’espérais simplement qu'on ne me citait pas en même temps qu'Andrincapable, ça serait blessant de me comparer à lui. Lui jetant un bref regard, je répondis donc :

- Bah.. probablement ? C'est un peu étrange que chaque personne connaisse le nom de son interlocuteur lors d'une première rencontre, par contre.. Sinon, ta technique est pas mal au combat.

Évidemment et malgré le fait que je ne le montrais pas vraiment, j'étais assez enthousiaste du fait de rencontrer quelqu'un avec une telle maîtrise des arts martiaux, c'était enfin une personne que je pourrais défier à la loyale, après tout.

Et voila pourquoi je ne venais pas souvent ici, à peine avais-je atteint un endroit où j'étais visible que déjà quelqu'un venait me voir. Cette fois-ci c'était Alicia donc cela ne me dérangeait pas, la petite avait de quoi égayer les journées aux Vatican avec sa bonne humeur et son énergie. Je lui souriait et lui ébouriffait un peu les cheveux, je n'avais pas à me plaindre de mes collègues Saints, nous étions soudé et nous n'avions jamais eu de réels problèmes entre nous, de plus au vu de son jeune âge j'avais un devoir de protection envers Alicia, même si la jeune fille avait prouvé à l’instant qu'elle pouvait facilement se passer de mon aide.
Alicia me fit ensuite tourner pour me mettre dans la direction d'Andrew et m'annonça que l'honneur des Saints était en jeu et que je devais le vaincre dans un duel de tir, Marie allant également dans son sens. Je souriais légèrement et tapotai la tête de la petite pendant qu'Andrew lui semblait confirmer le fait de vouloir cet "affrontement". Je lui répondit avec un air amusé.

"L'honneur des Saints hein ? Je n'ai pas le choix on dirait."
Je remettais une cigarette à ma bouche avant de l'allumer et de me diriger vers le stand de tir, laissant Alicia à sa conversation. Apparemment le gamin était confiant, et je savais qu'il était en effet plutôt doué au tir, je ne devais donc pas prendre ce duel à la légère, mais de toute façon ce n'était pas dans mon genre.
"Quelle arme veux-tu utiliser petit ?"
Je désignai alors le stand tout en soufflant un nuage de fumée, il y avait le choix.

La petite provocation de Marie avait marché : Alicia l'avait prise au pied de la lettre et s'était empressée d'emmener Andrew vers le stand de tir, vers cet homme qui avait dénigré la scène précédente, un homme plus proche d'Alicia qu'elle ne l'était, Donovan Desmond. Le genre de beau mec ténébreux qui aurait pu la faire devenir hétéro le temps d'une nuit. Dans un crissement, Marie tourna sa chaise sur le sol afin d'avoir une vue imprenable sur le stand de tir. Décidément, et dire qu'elle avait failli ne pas venir aujourd'hui ! Elle aurait manqué un sacré spectacle !

Tandis qu'Eden outrageait Alicia à l'aide d'un tutoiement qu'elle n'employait pas elle-même à son égard, Donovan accueillait son nouvel adversaire avec tout le calme du monde, comme si et il l'avait d'ailleurs dit, il n'avait pas le choix.
Décrochant ses bras du dossier de la chaise, Marie frappa dans ses mains comme si Noël était arrivé avec six mois d'avance.

« Desert eagle, desert eagle ! »

On apprenait à l'entraînement des jeunes croisés que cette arme faisait partie des plus difficiles à utiliser, notamment à cause de son poids. La violence du choc du tir n'en était que plus accrue, ainsi que la précision de ce dernier. De plus, les douilles avaient tendance à jarter dans la gueule du tireur, de sorte qu'il devenait lui-même une cible potentielle tout en tirant sur une cible de son côté.
On prétendait que Andrew était un excellent tireur de précision. A voir ce que ça donnait avec une arme de deux kilos-quatre dans la main.

« Allez-y messieurs, on veut du spectacle, nous. »

Après avoir achevé de vider le contenu de sa bouteille aussi rapidement qu'elle l'avait prise, Alicia reporta son attention sur Eden, laissant échapper un rire léger.

"Je connais presque chacun de mes collègues, d'autant plus lorsqu'ils font partie des rares à se trouver dans la périphérie !"

Bon, elle ne connaissait pas non plus tout le monde, évidemment, c'était totalement impossible. Mais connaître chacun de leurs agents se trouvant dans la périphérie était beaucoup plus simple puisqu'ils étaient relativement peu nombreux. Rien d'étonnant, donc.

"Pas mal, hein...? Venez plus souvent ici, Eden, nous aurons certainement l'occasion de nous entraîner ensembles un jour !"

Son expression se fit taquine, alors que son regard se posait de nouveau sur Donovan, puis Andrew, puis Marie. Un desert... truc ? Alicia arqua un sourcil. S'il y avait par contre bien un domaine où elle n'y connaissait rien, c'était bien les armes à feu. Pour elle, pas de mystère : qu'il s'agisse de n'importe quoi, aucune balle ne résistait à son pouvoir. Et c'était tout ce qu'il y avait à savoir.

Mais qu'à cela ne tienne ! Elle n'avait pas besoin de s'y connaître là-dedans pour apprécier le spectacle qui allait suivre. Croisant les bras, Alicia prit ses aises sur sa chaise, attendant la suite des événements.

Un Desert Eagle. Quoi de mieux pour un tel duel, qu’une arme dont la réputation meurtrière a été bâtie à coups de nombreux films d’action ? Ça sera parfait, oui. Néanmoins, Andrew n’a jamais vraiment touché une telle arme, n’ayant eu en main que des modèles un peu plus légers, discrets, en ce qui concerne les pistolets bien sûr. Dès qu’on passe sur un registre plus volumineux, la seule présence de l’arsenal du duo Eden-Andrew dans leur appartement peut indiquer que l’Anglais s’y connait un minimum.

Bref, un Desert Eagle ! Pour l’occasion, ces pistolets sont donc donnés aux deux participants, Andrew empoignant son arme avec un air émerveillé. Il passe son doigt sur la gravure du pistolet inscrite sur le canon en affichant un petit sourire du coin de la bouche, enlevant le chargeur, l’inspectant, puis le remettant à sa place habituelle. Quelques rituels bien à lui qui ne montre que l’affection particulière pour les armes à feu, du jeune homme.

- Assez lourde pour qu’elle ne soit pas l’idéal pour un concours de précision, mais qui s’intéresse vraiment à ça, quand on parle de Desert Eagle ? Bouchez-vous les oreilles, ceci est le nectar privilégié des hommes et de leur technologie.

Bon, dans l’esprit d’Andrew, les fusils de précision sont mis dans le même panier, avec une préférence pour les armes d’origine française… Dieu sait qu’elles ont voyagé entre les pays. Une merveille de technologie qui n’est pas à portée de toutes les mains, quoi.

Le concours est alors mis en place, de manière à ce que dix cibles soient installées à des endroits différents, dans une salle circulaire. Le but serait de se tenir au centre de la pièce, bien sûr adaptée à la situation, et de tourner sur soi-même pour faire face à toutes les cibles, et ainsi les descendre le plus rapidement possible.

- J’aimerais commencer, c’est un honneur de vous montrer ce que je sais faire.

Dès lors, Andrew Wilder se met en place au centre de cette salle. Les spectateurs peuvent observer les prouesses des deux hommes derrière les vitres pare-balles qui ferment la salle, pour éviter toute blessure et/ou mort involontaires. Il prend une grande inspiration, ferme les yeux, pour enfin les rouvrir lorsqu’il est prêt. Il tire une première fois, le chrono est lancé.

Avec une bonne prise un peu maladroite, de par sa non-maîtrise de l’arme en question, il arrive à contrôler le recul tout en limitant ses capacités à tirer vite, et bien. Un mélange assez homogène au final, bien que loin de son potentiel maximal sur lequel sa réputation est basée.

- Huit cibles sur dix. 15’43, dit un Croisé s’occupant des résultats.

Andrew fronce légèrement les sourcils, n’ayant pas d’avis sur le côté visuel de la chose en tant qu’acteur, mais s’occupant plutôt de ce qu’il venait de faire. Au-dessus de la moyenne, certes, mais sûrement bien en-dessous du score de Donovan Desmond.

Alors ça sera un Desert Eagle, eh bien soit, Andrew semblait apprécier l'idée d'utiliser une telle arme et moi aussi en fin de compte, c'était une arme "classique" et que je savais manier. Le jeune homme semblait ne pas avoir usurpé sa réputation, d’après ce que je pouvais voir, il s'y connaissait un minimum, mais il semblait ne pas avoir l'habitude de tenir un pistolet de se calibre dans les mains. D'ailleurs il le reconnu lui-même directement après avoir inspecté l'arme.

"Le nectar privilégié des hommes, c'est plutôt bien dit petit. Maintenant montre moi ce que tu peux en faire."
Je termine ma cigarette le temps que l'on mette en place ce qui devra servir pour nous départager, une épreuve classique de tir sur cibles. Le jeunot décide de passer en premier, après tout il est la star de la soirée et d'après les rapports il aime être le centre d'attention.
Le temps qu'Andrew se mette au centre des cibles je m'en vais du côté des spectateurs, allumant une nouvelle cigarette en me disant que je fume surement un peu trop. Le gamin semble calme, après tout c'est une discipline qu'il maitrise. Lorsqu'il commence à tirer n'importe quel personne qui s'y connait en armes à feu et en tir pourrait facilement voir qu'il est au dessus de la moyenne, son temps de réaction est bon et sa visée assez précise pour faire quasiment mouche tout le temps.

Finalement on annonce son score et comme prévu il entre facilement dans le TOP 10 des records enregistrés dans la salle. C'est donc à mon tour, j'entre dans "l'arène", continuant de fumer ma cigarette tout en vérifiant mon arme, tout semble prêt, les cibles sont installées et je n'ai plus qu'à tirer une fois pour lancer le chrono. Je prend une bonne bouffée sur ma cigarette et je m'étire avant de tirer une première fois.
Les cibles tombent une à une, comme d'habitude pourrais-je dire, peut-être même que je suis un peu plus lent que d'habitude, rouillé ? Enfin la dernière cible tombe et mon temps est annoncé.
"Dix cibles sur dix. 10.53 secondes."
Eh bien voila, la messe est dite, mais le petit n'a pas démérité. Je range mon arme, prend une autre bouffée sur ma cigarette et je me dirige vers lui avant de lui donner une tape amicale sur l'épaule.
"Tu es bon gamin, si je trouve un peu de temps libre je pourrais t'aider à corriger les quelques défauts que tu as. Mais tu peux déjà être fier de ta prestation, il y a peu de Croisés qui peuvent toucher autant de cibles en si peu de temps."