La fièvre du Samedi Soir. Concept désuet, pensez-vous ? Bah figurez-vous que quand on est étudiant et qu’on veut profiter de n’importe quelle occasion pour faire la fête, on le ressort volontiers. On l’adapte même et on la transforme en fièvre du vendredi soir, étant donné que le dimanche matin, il faut se lever pour aller à la messe de manière obligatoire sous peine d’avoir quelques problèmes, mieux vaut faire la fête le vendredi et faire la grasse matinée le samedi matin, quand on peut le faire parce qu’il n’y a pas cours le lendemain. Il n’y a qu’une chose qu’Erich ne s’explique pas, c’est comment il a réussi à se faire trainer à faire la tournée des bars. Bon, c’est un peu de sa faute, il a laissé sous-entendre que sa mère comptait s’occuper de ses cadets, pour les sortir un peu, ce soir et que du coup, s’il voulait sortir, il n’y aurait aucun problème. Il n’avait pas pensé que ses connaissances sauteraient pour l’occasion pour tester la légende urbaine qui dit que les germanophones tiennent mieux l’alcool que les autres. Pour vérifier les faits, il avait fallu se rendre dans la périphérie, endroit où les bars offrent les boissons alcoolisés moitié moins chers que dans les quartiers intérieurs. Bon, ok, ça ne touche pas la même clientèle donc ça s’explique. Bref

Seconde chose qu’Erich ne s’explique pas. Nous sommes le samedi matin, il vient de se réveiller, il est assis sur le pas d’une porte. Impossible de se souvenir de ce qu’il a fait entre vendredi soir 18h et samedi matin 8h. Son premier réflexe a été de palper la poche de son blouson, son physique quelque peu armoire à glace ayant servi à quelque chose pour une fois, on ne lui a rien volé. Seconde chose notable, s’il a dormi, il a fait une nuit complet. Il ne sait pas si Mutter va apprécier mais il pense avoir trouvé un antidote à sa bénédiction, autre de médicamenteux. Mae s’étire avant de se redresser difficilement. Pas sûre qu’elle apprécie aussi que son fils aîné ait passé la nuit dehors complètement ivre. .

Passons aux priorités, se renseigner. Il se retourne avant de s’apercevoir que la porte en question est en fait un porche d’église. Une église ? Ici ? La curiosité le pique et il finit par entrer, poussant délicatement la lourde porte en bois, se signant respectueusement à l’entrée, avant de se figer et de fixer le chœur de l’endroit. Où avait-il pu donc tombé.

Il cherchait une présence, le voilà. Le maître des lieux, enfin, le second, le premier étant Dieu. Un prêtre. Erich le salut avec déférence et politesse, comme il a toujours fait face à un homme de religion. Ne pas soutenir intérieurement les agissements du Pape ne signifiait en aucun cas mal se conduire avec le serviteur de Dieu. Il faut apprendre à différencier hommes et Dieu dans les gestes, les paroles et les interprétations. Son regard se pose rêveur sur le toit de la chapelle, profitant pleinement des résultats de la nuit réparatrice, n’osant pas s’étirer, ne voulant pas déranger. Après tout, il s’est endormi comme un ivrogne local contre le porche de la bâtisse sans réfléchir au fait qu’il était proche d’une église. C’était presque crétin et idiot de sa part, de ne pas avoir fait attention. Et si on était passé, et si on l’avait vu. Heureux qu’il est de s’être trouver rond dans la périphérie.

La proposition du curé le fait sursauter, il secoue les mains devant lui, un peu gêné.

Parler de son don, de sa bénédiction est devenu habituel pour Mae, encore plus quand il rencontre qu’il sera amené à fréquenter. Même si ce n’est pas le cas du père, il est toujours recommander d’expliquer à quelqu’un que si vous vous endormez pendant qu’il vous parle, ce n’est pas par désintéressement mais bien parce que la fatigue gagne le combat et qu’il n’est pas à même de résister.