Voilà ce qui arrive lorsque l'on ne regarde pas devant soi. [Pv Lucy]

C'était le week-end ! Enfin après une bonne semaine à parcourir les rues de cette énorme métropole qu'est le Vatican, Isaac pouvait laisser reposer ces pauvres jambes. Enfin c'est pas comme si il avait particulièrement mal. Et puis un magicien c'est super actif, il ne doit en aucun perdre la main ! Ce qu'il entend par laisser reposer ces jambes c'est simplement ne pas passer son temps à faire le tour de la ville. Aujourd'hui il allait simplement profiter du quartier.

Enfin si l'on pouvait le qualifier ainsi. En effet la périphérie est loin de ressembler aux autres quartiers de cette métropole gigantesque que constitue à présent le Vatican. Ici l'aménagement des bâtiments, et des rues reflètent la grande disparité du monde qui y vit. Vous aurez d'un côté les immeubles malfamés, là où s'effectue tout type de transaction et en particulier des transactions. De l'autre vous pouvez constater l'existence d'endroit de résidence assez paisibles.Tout ce monde essaye de cohabiter tant bien que mal. Leur seul point commun étant de ne point trouver de place dans la magnifique métropole.

Quand à Isaac il habitait un lieu pas trop délabré. Certes c'était petit, ancien, mais c'était suffisant comme espace pour qu'il y vive. Puis bon, vous vous doutez un peu qu'avec sa profession il ne restait pas beaucoup chez lui. Il y dormait simplement. Au réveil il se faisait un petit peu de café avant de se relancer pour une nouvelle journée pleine d'aventure !

C'était encore une fois le cas aujourd'hui. Il jeta un coup d’œil par la fenêtre. Le monde commençait à se lever dans la périphérie. Il était à peu près neuf heure de la matinée. On était en week-end les gens prenaient le plaisir de se reposer quelques heures de plus ici. Une fois sa tasse vide, il la posa sur le petit lave-vaisselle, qui avait la taille pour ne contenir que deux assiettes au maximum, et enfila la veste de son costume tout en saisissant sa fétiche écharpe bleue et son chapeau et se lança dans le grand bain !

Il faisait plutôt frais, il faut l'avouer. A chaque expiration une buée sortait de sa bouche. Il espérait qu'au fil de la journée le temps s’adoucirait. Au même moment ou il constata ceci son regard croisa celui d'un jeune enfant d'une dizaine d'année qui l'imita. Cela lui décrocha un de ces fameux sourire charmeur.

Cependant cette fois il aurait mieux fait de s'abstenir. Il ne put éviter et ce même avec toute la chance du monde qui pouvait lui tomber dessus, une collision avec une parfaite inconnue.Elle n'était pas très violente. Mais les deux personnes semblaient tellement inattentives l'une à l'autre que le choc fit tomber quelques uns de leurs objets. Parmi eux la fameux chapeaux d'Isaac.

Ce dernier qui avait détourné la tête par réflexe, vit tomber au sol une stylo et un petit carnet. Sans même jeter un regard à la personne qui l'avait percuté. Il se baissa pour ramasser le carnet et le stylo en s'excusant.

« Oh je suis vraiment désolé ! Je ne regardais pas devant moi... J'espère que je n'ai rien endommagé ! »

Le moment était venu. Lucy avait quitté très tôt ce matin son appartement du quartier résidentiel, ne sachant pas quand elle y reviendrait. Sa mission pouvait durer un bon moment, et elle n'en saurait la fin que lorsque Mademoiselle Alvey le lui signalerait. L'évocation d'Alicia lui arracha un sourire et la motiva d'un coup bien plus. Elle allait faire son possible pour satisfaire sa supérieure qu'elle admirait tant et se rendrait utile pour l'ordre des Croisés !

C'est donc avec le strict minimum sur elle, histoire de parfaitement jouer son futur rôle de fugitive, que Lucy laissa derrière elle son appartement et se dirigea en direction de la périphérie, dans laquelle elle allait devoir se débrouiller désormais.

La périphérie... Lucy n'y était allée que très rarement, en vérité, et il s'agissait donc d'un grand saut dans l'inconnu. C'est donc avec curiosité que la demoiselle y mit un pied, de bon matin histoire de ne pas trop éveiller la curiosité. La disposition des bâtiments, et les bâtiments eux-mêmes étaient bien différents du reste de la ville et participaient à l'aspect sinistre de la périphérie, même si l'effet devait certainement être décuplé en pleine nuit.

Son petit sac en bandoulière, avec quelques affaires à l'intérieur, Lucy, qui s'était aventurée un peu plus profondément dans les rues de la périphérie, ne prêta attention à ce qui l'entourait qu'au dernier moment, trop occupée à se demander par où elle devrait commencer. Ainsi, il était trop tard lorsqu'elle heurta quelque chose, ou plutôt quelqu'un. Heureusement, rien de bien grave, et c'est simplement un petit peu secouée que Lucy reprit ses affaires que l'homme, puisque c'était un homme, lui tendait.

"O...oh... merci Monsieur... d... désolée... je ne regardais pas où j'allais..."

Après avoir remis ses affaires dans son sac, elle avait prononcé ces mots en relevant la tête, observant pour la première fois son interlocuteur du moment. Elle continua ensuite, feignant une certaine gêne.

"E...en fait je ne connais pas très bien les lieux a... alors je suis un petit peu perdue..."

Isaac avait ramassé et tendu ces affaires à la jeune fille. Sans se soucier de son propre chapeau, qu'il adorait pourtant tant. Celle-ci pris précipitamment ces objets et les remis dans son sac. Isaac venait de tourner enfin le visage dans sa direction en se relevant. Une inconnue forcément. D'un côté Isaac ne connaissait pas grand monde ici. Les gens qui gagnent leur pain en déambulant dans les rues en tant qu’intermittent du spectacle c'est assez mal vu. C'est dommage, pourtant ce sont des gens comme les autres ! Ils ont juste pris le risque de vivre leur passion. Et c'était le cas d'Isaac. Même si de nos jours vivre sa passion au Vatican était assez dangereux. Du au fait de celle imposée par le Pape.

Finalement si on y réfléchit un peu ce monde se résume au pouvoir d'un homme qui impose sa passion et son goût céleste. Ridicule non ? Imaginez qu'Isaac soit un jour à la tête du monde. Cela serait bien comique, la magie imposée à chaque coin de rue ! Au moins la profession verrait son image redorée. Mais bon cela n'arrivera que dans les rêves les plus fous d'Isaac.

Pour en revenir au monde réel, la jeune fille en face d'Isaac semblait bien singulière. Elle portait une petite veste de couleur jaune voire dorée, de laquelle dépassait un petit foulard bleu foncé noué autour de son cou. Elle portait un sorte de jean resserré au niveau de la taille par une ceinture. En voyant cela Isaac frissonna. Il faisait plutôt frais, elle était peut-être insensible au froid ? Une telle bénédiction existe-telle ? Qui sait.

Les paroles de la jeune fille firent sortir Isaac de ces songes profonds. Elle s'excusa, tout comme Isaac l'avait fait. Jusque là elle semblait bien normale et bien éduquée. Eh oui il ne faut pas croire, les gens impolis qui recherchent avant tout la faute des autres ça court les rues ! Croyez-le Isaac, dont la seconde maison est la rue, sait de quoi il parle.

Mais ce qui fut bien plus intéressant, furent les paroles suivantes qu'elle prononça. Elle disait ne point connaître les lieux, de ce fait elle était un peu perdue. Quelle idée d'aller s'aventurer en périphérie lorsque l'on ne connaît pas les lieux ? M'enfin c'est pas Isaac qui allait la critiquer sur ce point. Loin de là. Lui même dans le cadre de sa profession était amené, ou plutôt prenait le risque, à s'aventurer et découvrir de nouveaux coins. Le Vatican est très vaste, cela n'a plus rien à voir avec les quelques mètres qui constituaient le bâtiment de l'époque.

Isaac lui fit un sourire et répondit précipitamment :

« Eh bien vous ne pouviez pas mieux tomber ! »

Ce n'était pas le moment de faire des petites blagues. Mais l'air gêné de la jeune fille lui intima l'ordre de détendre la situation. Une petit phrase situationnelle bien placée devrait faire son effet. Espérons que cela ne la vexe pas, ou que cela ne déclencha pas chez elle une autre réaction. Isaac ne maîtrise malheureusement pas l'effet de son humour sur les autres !

Il continua, donc :

« Je peux vous renseigner sur le coin si vous le souhaitez. Quel lieu cherchez vous ? »

En disant cela, Isaac senti un courant d'air passer dans ces cheveux noirs de jet, et se rendit compte qu'il lui manquait son fameux chapeau.

« Mon chapeau ! » s'exclama t'il.

Il précipita son regard vers le bas pour le chercher.

Quel lieu elle cherchait, hein ? Elle-même ne savait pas trop en fait. Lucy fut toutefois interrompue dans sa réflexion du moment par l'exclamation de l'homme, qui la fit sursauter quelque peu. Son chapeau ? Par réflexe, Lucy baissa les yeux, au moment ou le chapeau de l'homme, du moins elle le supposait, s'en allait un peu plus loin, porté par le vent. Sans trop chercher à comprendre, la demoiselle alla rejoindre le couvre-chef en quelques grandes enjambées avant que celui-ci n'en s'envole vers d'autres cieux. Et, c'est avec un petit sourire timide, là encore finement feint, que Lucy le rendit à son propriétaire.

"T... tenez... et encore désolée..."

Ceci fait, elle repensa aux paroles de l'homme, et, prenant une expression soudainement plus sombre, jetant brièvement un regard derrière-elle, comme une petite souris apeurée, entreprit de commencer à développer le rôle qu'elle revêtirait durant sa mission.

"E... en fait... j... j'ai peur... je ne sais pas quoi faire... ni où aller..."

Elle ajouta à cela quelques tremblements, rendant le tout encore un peu plus réaliste, confiante en ses talents d'actrice. Si l'homme qui lui faisait face était de nature charitable, il ne résisterait certainement à la détresse d'une jeune fille apeurée, et cela lui permettrait certainement d'obtenir quelques précieuses informations sur la périphérie.

Isaac alerté par le vent frais qui avait parcouru l'espace d'un instant tout son être en commençant par sa tête, s'était précipité vers le sol pour retrouver son chapeau. Tel un idiot il avait fait un tour sur lui même cherchant désespéramment l'accessoire qui ne le quittait jamais.

Heureusement pour lui que la jeune fille qu'il venait de percuter semblé avoir un œil bien plus aiguisé que le sien. Elle remarqua que le couvre-chef de notre jeune homme prenait le large au gré du vent vers un sombre coin de rue. Mais avant même que celui-ci n'ai pu prendre le large, elle se précipita vers lui et l'attrapa alors qu'il s’apprêtait à reprendre son envol vers d'autres cieux. Sur ce coup là Isaac lui devait une fière chandelle. Elle lui tendit son chapeau melon en s'excusant de nouveau.

Isaac regarda son pauvre chapeau en faisant une moue avec la bouche. Et le dépoussiéra assez doucement. Il ne voulait pas l’abîmer, il y tenais tant. Sans lui une part du mystère qui le représente dans sa fonction disparaîtrait.

Il releva la tête en reposant le chapeau sur le sommet de son crâne pour remercier la jeune fille, mais il vit à la mine de cette dernière, qu'elle était bien tourmentée. Elle avait même jetée un regard derrière elle. Elle semblait avoir peur de quelque chose. Mais quoi ? Elle disait être perdue. Et cela se remarquait qu'elle n'était pas d'ici. Peut-être avait t'-elle été agressée ? Qui sait ? Isaac pouvait pas le savoir en tout cas.

Pleine de détresse, elle finit par craquer. Tout en tremblant elle dit qu'elle ne savait plus quoi faire. Il en faut peu pour mobiliser Isaac dans une cause perdue. Selon lui son métier servait à apporter le sourire au gens. Donc se serait une insulte de voir quelqu'un pleurer devant lui. N'allez pas croire qu'Isaac est si courageux. Il est plutôt fuyard, mais il a un bon fond et ne refusera jamais d'aider qui que ce soit.

Il mit une main sur l'épaule de la jeune fille, afin de faire cesser ces tremblements, puis penchant la tête d'un côté avec un petit sourire gêné il lui dit :

« Calmez-vous. Respirez profondément. »

Il se mit à frotter son épaule doucement. Puis releva la tête pour regarder derrière elle. Il n'y avait rien.

« Qui que soit. La personne qui semble vous poursuivre ne semble pas montrer le bout de son nez. Vous devez l'avoir semée. Il n'y a plus de raison de vous inquiéter donc. »

Isaac se mit à réfléchir un instant regardant un peu autour de lui. Puis retourna son attention vers la jeune fille et lui dit en souriant.

« Si vous le souhaitez je peux vous accompagner là où vous désirez vous rendre. »

Il ne pouvait pas la laisser ainsi. Même si cela allait sans doute tuer sa matinée entière de boulot. Tant pis, il rattraperait cela plus tard.