Alors qu'à la surface les célébrations de la fête de tous les Saints battent leur plein, c'est pourtant sous terre que le plus gros se déroule. La rumeur avait fait le tour de la périphérie, des hérétiques, des hommes et femmes de confiance. Fondée ? Non fondée ? Bien des curieux s'étaient rendus dans les sombres couloirs des catacombes afin de pouvoir en juger de leurs yeux. C'était bien vrai. Au fond du sinistre dédale qui s'étendait sous la cité du Vatican, ils avaient découvert une salle, une nouvelle salle, bien cachée, bien protégée. Débordante de mystères et de secrets.

Et quels secrets ! Et quels mystères ! Les mystères de la vieille Rome, de la Rome antique, exposés là, sous leurs yeux ! Ou du moins une partie. Oui, ils en étaient certains, cette salle dans laquelle repose désormais un souverain sans nom est très certainement prête à leur révéler bon nombre de secrets sur les sous-sols du Vatican.

Alors, aventuriers, n'ayez pas peur ! Imitez vos compagnons et venez tenter votre chance, venez percer les mystères des catacombes pour, qui sait, peut-être être récompensés ! Mais faites attention aux chiens errants qui pourraient vous guetter. Cette nuit, ils semblent être bien agités.

« Saloperie ! »

Lhaar engueula sévèrement sa lampe de poche et lui imprima de sévère mouvements de frappe afin qu'elle s'illumine et cesse de jouer aux montagnes russes. Après quelques minutes, ce fut la jeune femme qui gagna et la lumière d'une blancheur immaculée se jeta bientôt dans la pénombre des escaliers. La demoiselle regarda derrière elle, s'assurant que personne ne les suivait et exerça un signe du poignet pour indiquer à ses compagnons, cachés dans les buissons, de la suivre.

« Venez, la voie est libre ! »

Puis elle se détourna aussitôt et, la lampe de poche à la main, entreprit de dévaler les escaliers. Bientôt l'obscurité l'avala et une odeur d'humidité emplit l'air. Lhaar s'estima heureuse de ne pas être descendue toute seule.

« Vous avez de quoi vous éclairer ? » demanda-t-elle derrière.

Les rumeurs sont souvent des ramassis de conneries. Bon, c'était peut-être un peu vulgaire, mais c'était la pure vérité. En tout cas, c'est ce que pensait Marianne le matin-même dans son Café-Restaurant, comme ses employés s'excitaient à propos de cette étrange salle découverte dans les Catacombes. Elle avait eu beau leur expliquer que ce n'était pas étonnant, qu'il y en avait tout un réseau au-dessous de la Ville, ils continuaient a en parler comme des enfants a Noël. Et comme elle détestait absolument tout ce qui encourageait ses filles et ses garçons à sautiller comme des puces au lieu d'effectuer leur service, elle avait décidée d'aller y jeter un coup d'oeil par elle-même, et ce dans le seul et unique but de leur montrer que ce n'était rien d'exceptionnel. La voilà donc partie pour une expédition poussiéreuse  en compagnie de quelques autres personnes qu'elle ne se rappelait pas connaitre.

Toujours est-il qu'elle n'était pas partie seule. Même si elle n'était pas peureuse pour un sou, elle détestait les Catacombes. Parce que c'était un véritable labyrinthe qui pouvait perdre n'importe quel aventurier avisé. Et qui sait quoi, ou plutôt qui, traîne dans ces souterrains. Ce pourquoi elle était partie avec sa toute nouvelle serveuse Catherine. La jeune fille semblait déjà avoir dans l'idée de s'y rendre, alors la brune avait simplement décidée de suivre le mouvement. Elle suivait donc la jeune femme, ainsi qu'un homme et une autre femme, qui semblait tous deux se connaitre. Au fur et à mesure de leur avancée dans le sous-sol du Vatican, ils rencontrèrent des soucis plus ou moins graves : la lampe de la blonde qui menait la file les lâcha, l'homme sembla sur le point de faire une crise cardiaque. Mais rien de vraiment important. Lorsque la blonde demanda qui avait de quoi éclairer, Marianne ne daigna pas répondre. Ils étaient deux sur deux à avoir une lampe torche, donc les deux personnes qui n'en avaient pas devaient suivre les deux qui en avaient, c'est simple. Et à vrai dire, elle était venue comme une touriste, sans matériel ni rien.

Dans la vie, il faut aussi savoir improviser. Un soudain courant d'air bien frais la poussa à frémir, et à resserrer son manteau de froufrous jaune sur ses épaules. Elle avait froid, elle avait mal aux pieds, et tout ce qu'elle voulait, c'était rentrer, finalement. La question du jeune homme l'exaspéra au plus haut point, ce pourquoi elle lui lança une petite pique bien sarcastique.

Marianne ▬ Oh mais oui, vous savez, les momies ne sont pas toutes cannibales, et si jamais des terroristes nous tombent dessus, ils nous laisseront passer pour augmenter le taux de tourisme des Catacombes.

Le froid d'automne me pique les narines, mes oreilles gèlent, je me concentre sur mon souffle fatiguée et fais un bruque mouvement de tête pour dégager mes cheveux roux qui me tombent sur les yeux. Cela fait maintenant quarante-cinq minutes que je cours et je ne ressens toujours pas la fatigue, j'apprécie mon endurance qui va en s'augmentant.
Je me mets à marcher, m'accordant une minute de pause. Je boirais bien un coup. Je balaie les lieux d'un regard mais seul l'obscurité m'entoure. Je laisse mes pas me guider et m'habitue peu à peu à l'obscurité tout en quittant la zone éclairée par les lampadaires. Bientôt, je me retrouve proche des catacombes. C'est un lieu que je n'ai pas encore visité, enfin ça ne sert à rien d'y aller à cette heure-ci je n'y verrai rien.
Pourtant en m'approchant de l'entrée je dicerne une voix.

« Vous avez de quoi vous éclairer ? »

Et d'autres lui répondre.
J'avoue que je suis assez intriguée. Et si j'avais affaire à une secte ? Ou à un réseau clandestin ? Ou bien simplement une bande de gamin en train de jouer aux aventuriers !
Quoi qu'il en soit je suis si curieuse que je ne peux m'empêcher de pénetrer dans les catacombes, tachant de calmer mon souffle pour ne pas être remarquée (non mais on sait jamais sur quels malades je pourrais tomber vu la chance que j'ai) et me guidant au bruit qu'ils font. S'ils veulent être discret c'est plutôt raté. Outre leur manière absolument pas discrète de marcher ils bavardent comme des pies.
Je tache de faire mon pas léger et cache mes cheveux flamboyant de ma capuche de jogging noir, main posée sur les murs pour me guider un tant soit peu dans cette obscurité.

Les autres s'amusaient à la surface et elle, le bras armé de service, devait passer la soirée dans les catacombes. Pour mieux faire passer le fait qu'elle serait toute la nuit dans un vaste cimetière, on lui avait dit que c'était la mission la plus importante. Oh, elle pouvait bien le croire, mais importance ne voulait pas dire que c'en était plus agréable. Bref, c'est pour ça que la pauvre Val' était là, dans un coin de la fameuse pièce dont tout le milieux des hérétiques parlait depuis un moment. Le fameux endroit où seraient cachés ceci, ou peut-être cela, ou même encore ça ou ça. Elle soupira. Elle, personnellement, elle s'en fichait bien de ce que pouvait leur apporter un tel endroit, surtout qu'en ce moment, tout ce qu'elle voyait, c'est qu'elle devait encore une fois se taper le sale boulot. Et c'était probablement une bonne excuse pour qu'ils puissent se retrouver loin d'elle, histoire de ne pas subir quelques dommages collatéraux de sa bénédiction.

Valentina en était à là de ses pensées lorsque, résonnant en un écho sinistre sur les couloirs des catacombes, des pas et des éclats de voix, étouffés, parvinrent jusqu'à ses oreilles. Ah ? Voilà qui serait peut-être intéressant. Silencieuse, elle se leva et commença doucement à sortir de la pièce, longeant les vieux murs des souterrains, profitant au mieux des ombres qui s'étendaient autour d'elle. Et soudain, au détour d'un croisement, elle put apercevoir les lueurs des lampes torches du petit groupe. La jeune femme tira sur ses gants et fit doucement craquer ses articulations, prête à toute éventualité.

"Qui va là ?"

Sa voix, comme un avertissement, résonna dans les profondeurs des catacombes. Accompagnant ses mots, elle avait quitté l'abri que constituait le mur contre lequel elle était adossée et se dévoila, ses yeux s'habituant progressivement à la luminosité toute relative que les lampes torches provoquaient.

"C'est dangereux ici, vous feriez mieux de rebrousser chemin."

Ce qui, bien évidemment, ne s'appliquait pas à elle ou à ses compagnons. Même s'ils n'étaient présentement pas là.

Elle qui flippait gravouze sa mère avec sa lampe de poche vacillante entendit soudain tout un tas de personnes fort bruyantes se presser derrière elle. Si elle fut rassurée de leur présence et de leur chaleur dans cet endroit tout, sauf accueillant, elle ne se satisfaisait en revanche pas du tout du boucan qu'ils faisaient.

"Dites, calmez-vous."

Sans expliquer pourquoi, elle accéléra son pas. Qui l'aime la suive. Quand une petite demoiselle à la voix très sarcastique lança une petite pique au collègue de Lhaar qui semblait s'être désigné comme le poltron de service pour ce soir, la jeune femme leva les yeux au ciel...pardon, au plafond. La phrase de la jeune femme trotta dans sa tête un moment. Des terroristes. Mais c'étaient eux, les terroristes, bordel ! Qu'est-ce qu'elle racontait la pimbêche ?

Avec la furieuse impression que l'une des personnes qui la suivait ,n'était pas à sa place, Lhaar se prépara à se retourner pour le lui demander lorsqu'une autre question fit vibrer les parois des catacombes. Déglutissant, Lhaar s'arrêta et abaissa le faiseau de sa lampe. Des bruits de pas retentirent en sens inverse, quelqu'un s'approcha d'eux, les mettant en garde.

"C'est moi, Lhaar. Nous venons pour la salle. Qui êtes-vous ?"

Valentina se baissa doucement et ramassa la lampe torche que l'un des intrus du soir venait de gentiment lui confier. Sans attendre, elle dirigea le faisceau lumineux de l'objet en face d'elle, histoire de se faire une idée des forces en présence.

...Et elle fut particulièrement déçue lorsqu'elle découvrit qu'elle faisait face à trois jeunes femmes accompagnées d'un bonhomme qui, à première vue, semblait plutôt loin du preux chevalier. Elle qui s'attendait à quelque chose d'un peu plus excitant, elle repasserait. La déception passée, elle entreprit de reprendre la parole afin de répondre à la dénommée Lhaar qui semblait mener le petit groupe.

"C'est moi qui garde la salle, et je vous ai dit de rentrer chez-vous, je crois."

Accompagnant ses mots, Valentina fit un pas en avant, puis deux. Au troisième, elle s'arrêta, estimant être assez proche du groupe d'individus qui n'avait présentement rien à faire là, sur leur territoire.

"Ne m'obligez pas à me répéter, Lhaar."

« Vous gardez un endroit soi disant abandonné depuis des années ? C'est étrange. »

Lhaar ferma les yeux et la substance de son corps s'évanouit dans les airs. Quelques secondes plus tard, elle réapparut derrière la gardienne, les bras croisés, un sourire aux lèvres.

« Seuls les citoyens qui s'opposent au Pape connaissent le chemin menant à cette salle ; ne sommes donc nous pas du même camp ? »

Sa main resserra sa prise sur le manche de la lampe torche avant qu'elle ne colle son dos au mur avant de diriger le faisceau tremblotant sur le chemin. La lumière brisa l'obscurité et traça un chemin incertain jusqu'au carrefour qu'on lui avait indiqué la veille, lors de la réunion. Elle poussa un soupir de soulagement.

« Effectivement, nous ne sommes plus très loin. » répondit-elle pour justifier la présence de la jeune femme auprès de ses collègues.

"Comme vous pouvez le voir, cet endroit n'est plus "soi-disant abandonné". Et puis..."

C'est sombre que Valentina s'était tournée vers la prénommée Lhaar qui venait, visiblement, de faire usage de sa bénédiction pour se retrouver soudainement derrière-elle.

"...Du même camp vous dites ? Ne rêvez pas trop."

Elle n'en ajouta pas plus. Mais au fond d'elle, elle se sentait bouillir. Encore des gens qui se disaient être contre le Pape mais qui, au final, abusaient de ces bénédictions, de ces aberrations. Eux, c'était différent, totalement différent. Ils n'avaient pas été bénis, ils avaient été maudits. Maudits pour constituer leur propre armée de bêtes féroces et sauvages, maudits pour renverser ce Pape. Ça, ils allaient être les seuls à pouvoir le faire, et ces catacombes en marqueraient les prémices.

"Mais je vois que nous avons encore un invité de plus..."

C'est sur un ton bien plus féroce que la jeune femme venait de reprendre la parole à la suite de l'arrivée d'un nouvel individu. Les intrus se multipliaient encore et encore. Mais soit. Féroce elle allait l'être, et c'est un couteau tiré d'une de ses manches qu'elle brandit désormais, à l'adresse de l'ensemble du petit groupe, en plus de la lampe torche.

"Toutefois, pour la troisième fois, je vous ai dit de rentrer chez-vous. Si vous décidez d'insister, je vous arrêterai moi-même."

Pendant ce temps, discrètement, derrière l'abri de ses lèvres, elle troquait progressivement ses canines pour des crocs.

[ mille pardon… vous pouvez me flageller IRL =/ ]

Tout en glissant le long du mur je fini par me rapprocher du groupe suffisamment pour pouvoir les discerner et les entendre clairement. Avisée, je décidais d’attendre un peu plus longtemps avant de me montrer, je préférais avoir l’avantage de connaître mes interlocuteurs. Si je me retrouvais face à un gang, seule, j’étais dans de beaux draps.

Visiblement ce n’est pas le genre de chose qui effraie tout le monde, une femme sort de l’obscurité pour les interpellés. Alerte, j’écoute.
Ils parlent d’une salle, ils ne sont donc pas là par hasard. Enfin vu leur préparation je m’en serai douté. Je sens la conversation se tendre et hésite à sortir de ma cachette. Je ne ferai qu’envenimer la situation, non ? En même temps c’est impoli de rester cachée là. L’arrivante ne semble pas ravie de l’arrivée de ce petit groupe, ça chauffe bien…

« Seuls les citoyens qui s'opposent au Pape connaissent le chemin menant à cette salle ; ne sommes donc nous pas du même camp ? »

Des résistants ? Ils s’opposent au pape ?
Je me sens soudain très intéressée par leur petite discussion. J’aurai même pu me manifester si l’autre ne les avait pas éloigné violemment.
Enquiquineuse que je suis je décide d’intervenir pour tenter de calmer la situation, je ne pense pas que ça puisse être vraiment plus mauvais que ça l’est actuellement de toute manière.

Alors que je me prépare à intervenir je remarque que mon bracelet de tissus est tombé au sol et me penche pour le ramasser, juste à temps… Un type sortit de nul par se prend les pieds dans mon pied et s’étale au sol. D’où sort-il ?
En tout cas, vu l’accueil que lui réserve l’autre heureusement que ce n’était pas moi, quelle chance !

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J’observe la situation et mesure. Un petit groupe, une femme seule s’affronte, et moi. La dénommée Lhaar a un pouvoir sympathique que je ne serai pas capable de lui voler. Le grand dadet semble fortement inefficace et l’autre… est tombé tout seul. En fait c’est un peu du Lhaar contre inconnue enragée. Et moi.

Ce n’est pas comme si j’étais capable de laisser une potentielle alliée –Lhaar- se faire potentiellement détruire par une inconnue dont l’agressivité est la seule particularité… De toute manière l’affrontement semble inévitable alors autant que je m’allie avec les rebelles. Nous sommes trop peu, trop seuls et contre le pape en cette position nous ne valons rien.
Je me décide, fouille mes poches : un couteau suisse, un mp3 et des écouteurs. Ben je vais aller loin avec ça.

Décidée, je m’avance dans l’obscurité, écouteurs ficelés aux mains. Si seulement ce grand type pouvait se décaler un peu à droite que je puisse aller derrière la femme… Et puis faites que l’obscurité ma cache et qu’ils continuent de parler ainsi… Oh j’en demande tellement !
Et cela fonctionne. Je ne saurai expliquer par quel miracle mais j’atteins le dos de la femme sans aucun souci et passe mes écouteurs autour de son cou sans le moindre problème !
Une telle chance !! Je ne me l’explique pas !

J’affermis ma prise autour de son cou qu’elle se sente menacée, tentant ainsi de l’immobiliser un faible instant, espérant que les autres profitent de l’effet de surprise.

« Calmez-vous donc… » ai-je piteusement lâchée.

Oui, j’étais sûre de moi. Oui, je pensais que c’était la meilleure chose à faire. Oui, je ne savais rien à propos d’un retour de malchance…