Rencontre inattendue [PV Alicia Alvey, Daemon Hide]

Le soleil se reflétait dans l’immense pyramide de verre se présentant devant moi. Je dû mettre ma main au-dessus de mes yeux pour trouver l’entrée du bâtiment puis sortis de ma poche un bout de papier où était griffonné le numéro d’une chambre : Chambre 415.

Suite à un affrontement entre mon groupe d’intervention et quelques hérétiques révoltés partit détériorer un bâtiment de la ville d’inscriptions malsaines, l’un de mes soldats fut blessé. Bon élément de mon unité,il fut emmené à l’Eglise Saint-Luc afin d’y être soigné.

Je me rendis donc, deux jours plus tard dans ce même bâtiment, afin de prendre des nouvelles de mon soldat blessé. Alicia Alvey, haut gradée de l’armée proposa de se joindre à moi la veille, lors de la vérification de l’état des troupes mensuel.
J’entrai dans le hall et la chaleur doucereuse me poussa à m’assoir mis à disposition pour les visiteurs. Scrutant avec émerveillement l’ampleur et la beauté du bâtiment, j’entendis soudain une voix m’interpeler.

Il était toujours amusant de constater combien les possibilités offertes par l'architecture étaient nombreuses. La large pyramide qui trônait au milieu des immeubles du quartier des affaires en était une bien belle preuve, tant il était difficile de deviner à première vue qu'il s'agissait là d'une église. Ceci dit, cette forme peu orthodoxe participait au charme du lieu qui en faisait une attraction fascinante pour les curieux.

Debout face au bâtiment, Alicia passa doucement une main dans ses cheveux blonds et mit fin à la contemplation de l'Église Saint-Luc, puisque, plus que l'extérieur, c'était l'intérieur, et même plus exactement les étages supérieurs du bâtiment, qui intéressaient la jeune Sainte. Contournant l'entrée principale qui menait à la partie religieuse de l'édifice, elle laissa la porte automatique lui permettre d'entrer dans le hall de sa partie hôpital.

Même si le complexe hospitalier du Vatican était relativement différent des autres, Alicia n'aimait pas vraiment l'ambiance qui régnait en ces lieux. Oppressante. Mais la Sainte s'était décidée à accompagner Olivia, dont l'un des hommes avait été blessé, se disant qu'elle pourrait profiter de l'occasion pour voir si tout allait bien dans l'hôpital et rendre au passage visite à Ewald Engel.

"Ah, Olivia, bonjour. Comment allez-vous ?"

À peine rentrée, Alicia avait remarqué sa collègue, assise dans un coin, et était allée la rejoindre pour la saluer, bien évidemment.

"Dans quel chambre se trouve votre collègue, déjà ?"

Marchant à travers les rues du Vatican, Daemon avançait d'un pas déterminé en traînant un homme légèrement ensanglanté derrière lui, évitant les grandes rues fréquentés autant que possible. Partis de la Périphérie, et traversant les quartiers un à un il arriva bientôt a sa destination de départ, l'église Saint-Luc afin de confier son prisonnier aux services médicaux.

Arrivant devant l'imposant bâtiment il se retourna pour regarder l'homme qu'il traînait, celui-ci bougeait à peine et avait beaucoup de mal à respirer. Visage à moitié lacéré, nez découpé, il suffoquait en essayant de placer quelques mots sans succès...

"-Ferme-la, déjà que j'ai la bonté de ramener un hérétique comme toi juste pour te faire soigner..."

L'homme lui cracha du sang à la figure ce qui avait eu tendance à énerver l'ancien Croisé. Il l'attrapa rapidement par son visage en lui plantant les doigts dans le trou béant qui lui servait à présent de nez et commença à courir tout en traînant l'homme qui hurlait comme un porc qui allait être abattu.

Plein de rage Daemon, ne s’arrêta même pas face aux gens qui se dressaient a l'entrée de l'immense bâtiment, franchissant la porte d'une rare violence il projeta l'homme blessé au loin qui s'écrasa contra un mur passant à coté d'une personne qu'il reconnu immédiatement.

En haussant un peu la voix afin que le plus de monde possible puisse l'entendre il cria,

"-Je vous ramène un pauvre taré hérétique, si vous voulez un paquet d'infos sur des cellules hérétiques en ville soignez-le et interrogez-le."

La stupéfaction était générale personne n'osait s'approcher du jeune homme. Il se calma, son regard croisa celui d'Alicia Alvey qu'il avait eu le plaisir de revoir il y à maintenant un mois de cela. Se contentant de la regarder sans voir l'autre personne qui se trouvait à coté d'elle, il lui tourna le dos avant de parler et de se diriger vers la sortie.

"-Je vois qu'il y a des personnes assez compétentes ici pour s'occuper de l'interrogatoire."

Se dirigeant à présent vers la sortie, il fut interpellé par une voix qui le tétanisa sur place...

« Ah Olivia, bonjour. Comment allez-vous ? »

Détournant la tête de l’architecture colossale, je déposais mes yeux sur le doux visage qui m’était familier. Ses cheveux blonds, brillaient au soleil et s’estompèrent sitôt qu’elle eut pénétré dans le bâtiment.
Je me levai et salua ma supérieure d’une légère révérence.

« Mademoiselle Alvey, vous me voyez comblée par votre présence. La chambre de mon soldat est la numéro 4… »

Je n ‘eu le temps de finir ma phrase quand un bruit sourd et flasque retentit contre l’un des murs de la pièce. Occupée à regarder le projectile ensanglanté étalé de tout son long sur le carrelage lustré de l’entrée, j’entendis soudain une voix qui me figea. Malgré le brouhaha présent, ma tête se vida de tout son, de tout mouvement, de toute image réelle.

Je revis sa chevelure blonde, ses grands yeux rieurs et sa voix chaleureuse …

Sursautant à l’écoute de cette voix devenue rude, criant à nouveau, mes yeux se posèrent à nouveau sur le presque cadavre dont la couleur pourpre tachait les murs immaculés de l’hôpital.

Daemon Hide.

Ce salaud, à qui j’avais tout donné, pour qui j’avais abandonné mon âme et mon corps, cet égoïste qui partit loin de moi pour une histoire qu’il aurait très bien résoudre avec mon aide, ce lâche qui m’abandonna pour une vie de solitude et… de violence à priori.

Les larmes me montèrent aux yeux, mais je ne me retournai point. Mes poings se serrèrent, mes dents crissèrent.

Après un an d’absence, ce scélérat réapparaissait comme une fleur, l’air fier, gibier à la main, conquérant solitaire et désabusé.

Mon cerveau capta soudain que le dit justicier se dirigeait vers la sortie. Je ne pouvais le laisser filer de la sorte. Il avait des comptes à me rendre et j’avais de grosses choses à lui jeter à la figure.

Pivotant face à la sortie, je vis sa cape déchirée voleter au vent. D’un bond, je lui administrai avec facilité un coup sur la nuque, du tranchant de ma main, ce qui eût pour effet de le faire tanguer légèrement.

L’homme s’était bien endurcit.

Se retournant, il saisit mon poing à la volée et s’apprêtait à son tour à m’administrer une raclée.

L’éclat doré de ses yeux pénétra les miens.

Ce fut digne d’une scène de film, où l’action, interrompue, laisse place à un silence figé.

Légèrement plus grand que moi, Daemon Hide me surplombait.
La lueur dans ses yeux n’était plus celle d’autrefois.

La chambre numéro... elle ne saurait jamais quoi, du moins pas tout de suite. Le regard d'Alicia avait distraitement observé la scène qui venait de se dérouler devant eux et elle ne fut nullement étonnée de poser les yeux sur Daemon Hide.

"Eh bien, Daemon, vous vous êtes enfin décidé à sortir de la périphérie, c'est bien."

Les "exploits" de l'ancien Croisé n'étaient pas passés inaperçus ces derniers temps. Ceci dit, Alicia observa du coin de l’œil la réaction de sa collègue Olivia, dont la relation avec Daemon était bien différente de la sienne. La réaction ne se fit d'ailleurs pas attendre et n'avait, là encore, rien de surprenant aux yeux de la Sainte qui se contenta de donner quelques directives aux médecins présents dans le hall, histoire de débarrasser les lieux du demi-cadavre, et s'en alla rejoindre doucement Olivia. Arrivée à leur hauteur et après avoir fermement placé une main sur les épaules d'Olivia et Daemon, elle les sépara.

"Allons, allons, calmez-vous Olivia, un hôpital est un lieu où l'on se repose, et non où l'on règle ses comptes."

C'est ensuite dans le regard de Daemon que se ficha celui d'Alicia.

"Eh bien Daemon, vous êtes bien pressé de partir mais, outre des retrouvailles dont vous devriez profiter plus longuement, j'avais cru comprendre que vous vouliez me parler, non ?"

Complètement tétanisé par cette situation, mais surtout par le fait de revoir celle dont il à été amoureux auparavant, Daemon semblait perdu dans ses pensées. Saisissant le poing d'Olivia il était incapable de faire quoi que ce soit, les yeux pleins de larmes il était simplement sur le point d'exploser, ses yeux croisaient ceux d'Olivia, mais ce qu'il ressentait il en était incapable de l'exprimer. Se mordant les lèvres qui commençaient a saigner il fut rapidement séparé d'Olivia, par Alicia qui venait s'interposer dans cette situation...

Énervé par la Sainte qui le sépara de son ancienne coéquipière, il changea de réaction immédiatement et prit la parole,

"-J'avais à te parler, mais ce n'est ni le moment, ni l'endroit pour cela."

D'un regard menaçant, il tourna sa tête a nouveau vers Alicia avant de reprendre la parole,

"-Notre discussion peut attendre Alicia, mais celle avec Olivia non."

Regardant Olivia d'un air triste il chercha ses mots longtemps avant de parler a nouveau ce qui laissa un silence dans le petit groupe, il reprit doucement la parole,

"Je suis entièrement désolé Olivia, même si mes paroles ne servent plus a rien après tout ce temps, et que j'ai lâchement abandonné vos rangs... J'ai du partir a cause de ma bénédiction, mais je sais que cela non plus n'est pas une excuse valable."

N'ayant plus de mots a dire il regarda les deux femmes en repensant aux Croisades effectuées ensembles il y a quelques années, ce temps ou il n'imaginait pas une seule seconde se retrouver dans une situation aussi embarrassante.

Posant son regard au sol il parla a nouveau,

"Si je peux me rattraper d'une façon ou d'une autre sache que je le ferais..."

« Si je peux me rattraper d’une façon ou d’une autre, sache que je le ferai… »

Se rattraper ? De quoi ? De sa lâcheté qu’il crie haut et fort ?

Les larmes coulant de mes yeux n’étaient pas des larmes de tristesse. Elles étaient mues d’un sentiment de haine et de colère dépassant toute imagination.

Alicia nous sépara, mais bientôt je revins vers Daemon d’un pas lourd et haletant.

« Tu crois… tu crois que tu vas te faire pardonner en disant des choses aussi minables ? ? »

Le jeune blond regardait le sol orné du tracé rougeâtre que la victime désormais en soin intensif dans le bâtiment derrière nous avait laissé.

Mon poing se serra et se fracassa contre la joue osseuse de Daemon.

« Tu n’es qu’un raté, un lâche ! Pendant un an… Un an j’ai espéré que tu reviennes vers moi, que tu donnes signe de vie ! Mais non ! Rien du tout … »

Serrant mon poing blessé, je revins à la charge et assignai un nouveau coup de poing au visage angevin. Vacillant légèrement, Daemon ne réagit pas. Un filet de sang coulait de sa bouche entre-ouverte.
La douleur tant physique que sentimentale me força à m’agenouiller. Une foule muette nous regardait.

Je ne trouvais plus mes mots. Je le haïssais tant. Je le haïssais au point de lui faire du mal, tout le mal qu’il me fut possible de lui faire.

Reprise d’un élan presque animal, je me remis sur mes deux jambes et assigna un fort coup de pied dans l’abdomen du jeune homme.

Essoufflée, je dis une dernière parole.

« Jamais, je dis bien jamais, je ne te le pardonnerai Daemon … Ecoute moi bien, jamais. »

La main ensanglantée, je retournai au but principal de ma venue en ce lieu de paix et de guérison.

Chambre 415 …

"Pas le moment, dit-il ! Eh bien soit, tant pis pour vous."

Alicia haussa les épaules et leva les yeux au ciel, reculant légèrement au passage. Puisqu'il avait tant envie que ça de se faire tabasser par Olivia, elle allait le laisser faire, elle qui essayait simplement de calmer le jeu et de lui éviter un sort funeste en changeant subtilement de sujet. Mais soit ! Elle lui ferait passer l'envie de faire le malin plus tard, et laissa donc Olivia se faire plaisir, croisant les bras.

Jetant un coup d’œil autour d'elle, elle constata que la scène de ménage de Daemon et Olivia avait attiré les curieux. Enfin, plus de la curiosité, c'était plutôt de la consternation qu'elle pouvait voir. Et elle les comprenait. Nous étions dans un hôpital, après tout.

Olivia en ayant terminé, pour le moment du moins, Alicia soupira, soulagée, et adressa un regard sombre à Daemon avant d'emboîter le pas à sa subalterne.

"Si vous vouliez vous racheter, il aurait été judicieux et bien plus respectueux d'éviter de venir causer des problèmes dans un endroit comme celui-ci."

Olivia n'était évidemment pas étrangère à ce grabuge, mais bon, la jeune Sainte pouvait comprendre. Après tout, ce n'est pas comme si Daemon avait subit un meilleur sort lorsqu'elle l'avait croisé dans la périphérie.

"Enfin bref. Si par hasard vous avez envie de m'accorder un peu de votre si précieux temps, je prêterai peut-être une oreille à ce que vous aviez à me dire. Cela devra toutefois attendre que l'on en finisse avec ce que nous avions prévu de faire avant votre petit numéro."

Arrivée à la hauteur d'Olivia, Alicia reprit doucement la parole, s'adressant à elle.

"Ça va aller ?"

Ne réagissant pas sous les coups d'Olivia, il la laissa faire, la douleur physique ne lui faisait que peu de mal comparé à celle de la voir pleurer...
Elle était remplie de haine, une haine qu'elle avait besoin d'expulser contre Daemon.
Incapable de faire quoi que ce soit il la regarda s'en aller à l'intérieur du bâtiment...

Perdu dans ses pensées il n'entendit même pas les propos d'Alicia qui à son tour rentrait.
Regard vide et se retrouvant seul dehors, il avait l'impression que le temps s'était arrêté autour de lui. Son abdomen lui faisait mal mais son esprit étant presque paralysé il ne sentait qu'une vague douleur. Revenant petit à petit à lui il sentit son sang sur ses lèvres et se contenta de l'essuyer avec ses mains.

Réfléchissant à la situation plus calmement il ne savait pas quoi faire... Il s'attendait à tout sauf a revoir Olivia surtout en ce lieu. Pendant presque un an il choisissait soigneusement d'éviter la ville en restant dans la périphérie et aujourd'hui à sa première incursion il tomba nez à nez avec celle qu'il aime...

Respirant un grand coup, il se nettoya la bouche avant de rentrer une nouvelle fois dans le bâtiment, réfléchissant rapidement tout en franchissant la porte d'entrée une seconde fois, bien plus calmement que la première. 400 quelque chose était le chiffre de la chambre vers laquelle Olivia se dirigeait. Il s’avança vers l’accueil ou le personnel le reconnut immédiatement.

"- Excusez moi... Je voudrais savoir ou sont les chambres partant du numéro 400 et ou les deux Croisés se sont dirigés."

Un long silence s'en suivit. Le personnel semblait encore terrifié par les actes qui s'étaient produits plus tôt.

"- Heuu quatrième étage..."

Sous la peur un homme répondit immédiatement, se précipitant vers l'ascenseur Daemon y entra et appuya immédiatement sur le bouton du quatrième étage.

A présent il n'avait qu'une seule idée en tête c'était de revoir Olivia et de ne plus se laisser faire.

La numérotation digitale défilait lentement sur le petit écran au-dessus de l’ascenseur, dont le silence laissait un froid métallique entre Alicia et moi.
Je regardais par les portes vitrées qui laissaient transparaître les rayons du soleil, chauffant mes joues humides. Le hall de l’hôpital était immense. Un fourmillement de personnes s’était agglutiné autour du corps inerte mais vivant de l’hérétique, et la trace rouge de son sang marquait d’une manière encore plus flagrante le sol immaculé.

Soudain, plissant les yeux, une seconde tache rouge, mouvante cette fois, attira mon regard. C’était Daemon.

Qu’est ce qu’il veut encore celui-là ? Il n’en a pas eu assez sérieux … ?!

J’eu à peine le temps de voir la tâche cramoisie se diriger vers l’accueil que la porte située dos à nous s’ouvrit en un tintement.

Un long couloir courrait devant nous, semé de portes noires ébène, toutes fermées.
Alicia et moi, toujours en silence, nous dirigeâmes au fond du corridor, scindé en deux aux extrémités.

Nous faisions à présent face à la porte 415.

Avant de lever mon doigt plié pour faire raisonner le bois lourd de l'entrée, je me tournai vers ma supérieur :

« Veuillez m’excusez pour le comportement de tout à l’heure Mademoiselle Alvey, cela ne se reproduira plus ».

Actionnant mon poignet, je toquai à la porte qui s’ouvrit en une fraction de seconde.